vendredi 5 février 2010

Où l'on découvre la petite madeleine des Turbulentes.


Il y a quelques jours, le cœur morose (une fois n'est pas coutume), les Turbulentes eurent la surprise de trouver dans leur boîte mail le même courriel.
Il provenait d'une amie proche : une paresseuse.

"Les Paresseuses organisent un petit concours :
Vous avez un blog ? Publiez un article sur votre (vos) titre(s) préféré(s) de la collection et prévenez-nous par mail."

Victoire s'arrêta automatiquement au mot "concours" qui avait le pouvoir très inquiétant de déclencher, chez elle, une soif de gagner qui la transformait en véritable machine de guerre.
Salomé, la connaissant assez pour ne pas s'inquiéter, commençait déjà à parcourir sa bibliothèque, l'index sur le menton, avec un véritable dilemme en tête :
lequel choisir?

*
Il y avait bien celui-là, qui les avait accompagnées cet été, sur les routes d'Avignon, vitres ouvertes, cheveux au vent, lunettes de soleil plus grosses qu'elles 
 sur le nez, odeur de lavande dans l'air, et qui avait eu l'étrange pouvoir de faire accepter à Victoire son corps de brindille et de convaincre Salomé des bienfaits d'un décolleté vertigineux.



Celui-là avait été un cadeau de Victoire pour Salomé, le jour où elle était arrivée au boulot les yeux rouges de sa nuit blanche, et l'âme en peine, parce qu'elle l'avait quitté.
L'homme de sa vie, tout salaud qu'il était, allait être bien difficile à oublier.

Alors le midi, Victoire était allée lui acheter un remontant à la hauteur de ses illusions perdues. 
Salomé avait ouvert le paquet, la gorge encore serrée.
 Elle avait souri doucement et avait montré
 le sponsor très spécial, sur la couverture, à Victoire qui n'avait pu contenir un rire spontané et contagieux.

Rester triste, avec elle, promettait de relever du défi.



Celui-là, elles l'avaient acheté un jeudi soir, à 21h53, quand Victoire avait réalisé qu'elle avait quatre jours de retard dans son cycle anarchique.
En rentrant, elles avaient alors rêvé d'odeur de Mustela, de grenouillères en pilou-pilou assorties à leurs ballerines, en s'empiffrant d'Häagen-Dazs aux morceaux de cookies, sans aucune culpabilité, puisque l'une savait qu'elle serait bientôt une baleine, et l'autre qu'elle resterait toujours plus mince que sa copine, au moins les neuf prochains mois.

Quand Victoire avait fait une fausse couche quelques semaines plus tard, elles avaient brûlé quelques pages de cet exemplaire et doublé la dose de glace pour compenser la peine.
Salomé avait alors promis à son amie de garder le livre et ses couleurs pastels bien au chaud, en attendant la prochaine fois, celle qui serait la bonne.





Fatalement, la grande famille des paresseuses allait devoir s'agrandir :
le suivant les avait aidées à perdre les bourrelets disgracieux nés des fameux pots de glace, eux qui avaient prétendu être leurs amis sur le moment mais qui, finalement, s'étaient révélés être de savants mélanges de graisses saturées et d'additifs en tous genres. Diaboliques.



Le petit dernier la fit sourire. Elle se rappela la dernière lubie de Victoire (et elle ne l'avait plus quittée depuis) qui avait décidé de se faire l'ambassadrice des causes perdues écologiques.

Victoire - Eh oui Monsieur, si tout le monde faisait comme vous, il n'y aurait plus d'oxygène dans 150 ans, parfaitement! Et ça vous donne pas mauvaise conscience tout ça?

Salomé - Bon, Victoire, tu viens? Je t'attends.

Victoire - Et dire que c'est dans des mains complètement inconscientes que se trouve l'avenir de nos enfants. Ca me fait enrager! Je te jure.

Salomé - Bon laisse-le tranquille ce pauvre vieux. Dans quoi, trois quatre ans, il sera mort de toutes façons. Et puis il s'agit seulement d'une peau de banane sur la route.
Pourquoi tu lui dis pas que tu prends un bain par jour, à ta victime?

Victoire - Nan mais ça, c'est autre chose, ça n'a rien à voir.
Bon, on y va?

Salomé - Bah, voyons.


Et puis, il y avait tous les autres.

Celui qui avait permis d'impressionner les parents de Salomé,  qui désespéraient de marier leur fille. La présentation du plat, au nom imprononçable, avait sans aucun doute eut son petit effet.


Celui qui avait appris à Victoire comment économiser assez pour s'acheter le sac de ses rêves, au chiffre trop indécent pour être reporté ici.


Celui qui avait permis à Salomé de séduire le moniteur de canyoning, l'été dernier, sans l'ombre d'une difficulté, en un claquement de doigt et un battement de cils.


Celui qui avait complètement fini de convaincre Victoire que toutes les oreilles n'étaient pas prêtes à entendre tous les gros mots que sa jolie bouche était capable de prononcer au cours d'une banale conversation.


 Celui qui avait permis à Salomé de pouvoir scruter méthodiquement la concurrence sur la plage, mine de rien, avant de pouvoir marcher d'un pas assuré vers l'écume des vagues, l'esprit léger, le déhanché assuré et le sourire aux lèvres.


Et enfin, celui qui leur permettait, chaque jour, d'assurer le plus horrible beau métier du monde et qui avait empêché Victoire, un jour, d'arracher avec les dents les tresses d'une insolente élève de cinquième et Salomé de balancer, avec violence, son feutre Velleda dans l'œil d'un troisième en état végétatif.


 *

Lorsque Salomé sortit de sa rêverie, elle réalisa qu'il lui était impossible de choisir parmi tous ces ouvrages. Ils représentaient tous une anecdote particulière, une galère insurmontable, une crise de fou rire, une scène honteuse, une tranche de vie de turbulentes, en somme.

Alors désolées, amie paresseuse organisatrice du concours, les Turbulentes ne gagneront sans doute pas, parce qu'elles n'ont pas complètement répondu aux consignes données, mais elles comptent sur ta générosité pour leur offrir l'Ephéméride (en double exemplaire, cela va de soi si l'on veut éviter le bain de sang) parce que le temps qui passe sans les Paresseuses à leurs côtés, les Turbulentes ne sont pas sûres de pouvoir l'assurer.

 
Découvrez la playlist 042 - Paresseuses addict avec The Beach Boys

8 commentaires:

4 de moy' a dit…

Excellent!! As always!
Mais comment Salomé a-t-elle pu oublier de parler de La Cave à vin des Pareseuses?

Les Turbulentes a dit…

Salomé commence à croire que ses nombreux fans vont la croire alcoolique... Elle prend donc des mesures draconiennes pour éviter cette fâcheuse réputation...

maud a dit…

rigolo comme truc ^-^, j'aime bien le concept.

Alcoolique Salomé ? Nooooooooooooon , pas possible !

Faut que je vienne gouter les martini, je vous ferais du caramel ^-^

Les Turbulentes a dit…

Pour toi, Maud, les Martini seront rangés au placard. Les Turbulentes savent recevoir.
Tu auras le droit aux cocktails des plus grand(e)s, j'ai nommé le Mojito ou le Cosmo, tu choisiras!

Victoire.

alcoolique anonyme a dit…

mdr! Salomé est déjà grillée de toute façon!!!

Les Turbulentes a dit…

My Gosh ! Etre grillée par un(e) alcoolique anonyme, je trouve ça un tout petit peu angoissant quand même! Désormais, je ne boirai plus sans regarder autour de moi d'un oeil soupçonneux...

Salomé

Danse africaine a dit…

Je me souviens moi aussi avec émotion du jour où une turbulente m'a mis mon premier "paresseuses" dans les mains. Après, j'ai méchamment assuré en célib'attitude.

Anonyme a dit…

Merciiiiiii les turbulentes, je viens d'apprendre THE grande nouvelle par vous même !!! Youhouuuuuuu trop contentes et en plus je découvre un blog que j'aime bien !!!
La Vilaine