samedi 14 novembre 2015

Ce Bataclan que nous aimions tant...

Chère Salomé,

Hier, après cette semaine éprouvante, je suis allée me coucher. Quand je me suis réveillée, le monde avait (encore) changé. Il avait explosé, une fois de plus.

J'ai vu ton message, j'ai vu les images, je suis allée voir tout de suite si les gens que j'aimais allaient bien. J'ai eu peur.

Je me suis rappelée de nous, sur les trottoirs parisiens, des vendredis soirs, des mercredis soirs, des dimanches soirs, à courir les rues, à traverser sans regarder, à sauter par dessus les flaques, à se plaindre du mauvais temps, à espérer finir dans la loge du chanteur, à pousser des coudes pour être devant le grand con d'1m80, à chanter à tue tête, à danser comme des cigales, à pleurer presque d'émotion, à prendre des nouvelles résolutions (la prochaine fois je ne prendrai pas ce sac il est trop lourd), à rêver d'un avenir plein de promesses et d'aventures... Et je ne veux pas penser à ce qui aurait pu se passer si on avait croisé la route de fous fanatiques, je ne veux pas penser que tous ces moments de joie auraient pu nous mettre en danger, je ne veux pas penser que nous aurions pu connaître l'horreur, que nos coeurs, galvanisés, auraient très vite pu devenir des coeurs froids.

Non, je ne veux pas y penser, il ne faut pas y penser, il faudra qu'on y retourne, tu sais, un jour quand tu seras là, quand tu reviendras. Il faudra que l'on y retourne danser au Bataclan, sauter par dessus les flaques, pousser des coudes et danser comme des cigales.



Fais attention à toi et à très vite,
Affectueusement tienne,
Victoire.

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